2017 - 2018 Hivernage à la Marina Parque das Naçoes



Une vie de ponton

Nous sommes arrivés le 13 août 2017 à la Marina PDN pour entamer l'hivernage du voilier... Avant le retour de Philippine nous avons pu arpenter une nouvelle fois cette charmante ville de Lisbonne. Nous étions venu quelques années plus tôt visiter la capitale du Portugal, si attachante.
Le retour dans les petites rue de la vieille ville est enchantant. Celle-ci est enchâssée dans le talweg bordé d'un côté par le château de Sao Jorge, de l'autre le quartier de Bairro Alto.
Une de ses caractéristiques réside dans le fait que l'on peut s'y promener sans jamais s’arrêter, même sous la chaleur de l'été, tantôt au soleil, tantôt à l'abri au fond des rues.
Nous avons fait une petite halte à Saint-Louis des Français, sommes descendus le long de la place de Figueira, arpentés Sao Nicolau, arrêtés sur la place du Commerce, remontés à la cathédrale de Santa Maria Major... Que du plaisir, notamment en retrouvant l'architecture exportée par les pionniers portugais partout où le Royaume s'est installé, en Afrique notamment, comme au Ghana le fort Saint-George d'Elmina.

Puis Fifi s'en est allée et les travaux d'hivernage ont débuté. Rinçage des voiles, inspection, pliage. les premières listes de travaux ont apparu : le génois tout neuf a ragué pendant la traversée du golfe de Gascogne, la bande anti UV est à recoudre sur 50 cm à hauteur des barres de flèche. On contrôle le moteur qui fume bleu et consomme de l'huile... convocation du mécanicien : il faut vérifier la segmentation, voire les chemises. Les travaux pour l'hiver commencent à se préciser. Prise de rendez-vous pour mettre le voilier à terre.
Au Catway
Ce sera le 19 août en fin de matinée. Il faudra procéder avec précaution, le chantier n'a pas l'habitude de sortir des voiliers de notre taille et surtout il faut aider les manutentionnaires à passer les sangles sous le bateau. Celle de l'arrière nécessite de passer entre la coque et la ligne d'arbre, pour ne pas endommager cette dernière. Mais le chantier n'a pas idée de là où il faut exactement passer. Je plonge à l'eau pour guider l'énorme manille. La visibilité dans cette eau glauque et salée est très réduite... pas cool comme apnée ! A 16h00 le voilier est bien calé... je peux monter à bord. Sur le terre-plein la température à l'intérieur du bateau a bien monté. Elle atteint les environs des 40° or je n'ai plus de frigidaire car il est à échangeur de coque...

Il reste deux jours pleins pour terminer l'hivernage.
Le 20 est consacré à reboucher tous les petits éclats de gelcoat. La soirée se conclue par un dîner entre équipages tout au bout du ponton sur lequel nous étions précédemment amarrés.
Sur le ponton se trouve une concentration d'individualités : des voileux, des pilotes de gros bouzins, des retraités jeunes et moins jeunes, des hommes en rupture, d'autres qui ont un projet de traversée, certains qui ont décidé de s’arrêter ici... d'autres qui ne l'ont pas décidé mais qui pourtant sont définitivement à quai à Lisbonne. 
Dîner de ponton

Comme dit le chant "O légionnaire" :
"On prend ses godasses sur son dos,
Et l'on file au fond d'un paquebot (...)
On y trouve des copains d'partout (...)
Pas ordinaires,
Des Aristos et des marlous (...)
Y a des avocats, des médecins,
Des juges, des marquis, des roussins
D'anciens notaires (...) "

Et bien là, c'est presque pareil. Il y a un ancien chef d'entreprise qui a décidé de partir de Vannes avec sa vedette. Il a traversé le golfe de Gascogne avec un skipper car il n'avait jamais pratiqué. Un autre, Didier à bord d'Harmonie, sa vedette qui est le sistership de la vannetaise, est parti depuis l'amont de Paris, puis a descendu la Seine jusqu'à la Manche et a continué le périple par les canaux bretons pour déboucher en Atlantique. Il rédige des articles pour une revue de motorboat au fur et à mesure qu'il avance dans son périple. L'idée est excellente outre le fait qu'elle participe d'alimenter la caisse de bord. Un dernier, Hervé, est l'heureux possesseur d'un magnifique OVNI de 43 pieds qu'il remet en état avant de se lancer dans le projet de rejoindre un jour la Nouvelle Zélande. Il vit à bord et le remet en état. Quant à ce jeune homme sur son 30 pieds jaunes, il attend un embarquement sur un gros paquebot pour reconstituer ses finances avant de filer vers le sud en direction du cap Vert.



Hiver 2017-2018

Helena et Tjoppe
Le 20 janvier je suis revenu à la Marina pour rencontrer le mécanicien avant le début des travaux sur le moteur. Il faut  aussi mettre le génois à repriser. Durant le coup de vent dans le golfe de Gascogne, la bande anti-UV a été arrachée à hauteur des barres de flèches.

De l'autre côté du Tage, au chantier d'Amora face à Seixal, S/Y Wilma et son équipage termine son hivernage. Ils sont arrivés début septembre à Lisbonne avec l'inverseur du bateau hors service. La réparation de l'inverseur coûtant si cher, il a mieux valu changer le groupe motopropulseur en totalité. Et dire que mon moteur va être sous peu en pièces détachées aussi !

S/Y Wilma
Le 21 janvier je décide de m'y rendre. L'entreprise n'est pas de tout repose puisqu'il faut presque 2h00 pour faire le chemin !
J'y vais le soir en raison des quelques travaux que j'ai à faire. Le s résultats des travaux faits par les Norberg est bluffant. C'est magnifique... propre, bien réalisé. Tout est prêt et d'ici quelques jours le voilier en ferro-ciment pourra être remis à l'eau. Il a été repeint, les œuvres vives ont été traitées. Frederik a posé des marches sur le safran du gouvernail pour pouvoir descendre à l'eau ou remonter. Beau travail.
Et quel accueil ! Apéritif au vin blanc portugais, dîner "spécial Helena". Mon hôtesse a véritablement un don qui lui permet de tout préparer et de transformer les plus modestes ingrédients en un plat somptueux. 

Pendant ce temps, à la Marina Parque das Naçoes, veille Hervé. Hervé remet en état son voilier, il est entrain de refaire le pont en teck de son OVNI et anime le ponton dans cet hiver de Lisbonne. Car Hervé est un homme qui partage facilement et qui en plus connaît très bien les us et coutumes locales. Voilà déjà 3 ans qu'il arpente la marina. Si vous voulez un bon conseil, demandez-le. Vous voulez un coup de main, il est toujours présent et... il connait les bonnes adresses des petites tables sympa hors du circuit touristique.


Le réveil

Fond de cale sans moteur...
Le 27 juin, nous sommes de retour sur le yacht. Malgré les travaux, le bateau est propre, les batteries sont en place et permettent de vivre à bord.Sous le plancher, un gros trou : plus de moteur mais en revanche les fonds sont parfaitement propres.
Chez le chef du chantier attendent deux ventilateurs Hella et des balises EPIRB que je me suis fait livrés cet hiver. Il ne reste plus qu'à les monter. Surtout 6 litres d'antifouling attendent d'être plaqués sur les œuvres vives. Quelques courses pour se fournir en divers petits matériels et nous voici, Cécile et moi en combinaison, pinceaux à la main pour entamer la danse du bras.
Pendant que Cécile débute entre deux averses l'arrière de la coque, je ponce la rouille revenue sur l'embase de l'hélice et couvre le métal des premières couches de primaire. Fastidieux mais indispensable.
Trafaria
Et Cécile débite ! Elle a en charge de faire toute la ligne de flottaison alors que moi je suis sur les parties basses et nous nous retrouvons ensembles pour faire la quille.
Nous pensions y passer toute la journée... que nenni... nous arrivons même à terminer la journée à la plage à Cova do Vapor.

Cova dà Vapor
Cova do Vapor... Petit village de pécheurs aux ruelles étroites aux antipodes de la norme européenne. SI le Portugal se développe, il reste des zones qui n'ont pas été touchées par la manne des aides... On décide de retourner à Trafaria pour reprendre la navette jusqu'à Lisbonne. Nous décidons... en réalité, il y a ce soir le match Portugal - Uruguay, donc il n'y a plus un taxi roulant dans la campagne.
Pedibus cum Gembus, nous traçons vers le port d'embarquement... au détour d'un virage nous arrivons aux lisières de la partie ouest de Trafaria, l'animation est grande dans ce quasi-bidonville bâti dans le sable. Peuplé en majorité par des communautés africaines qui habitent des maisons délabrées, tout cela me rappelle mon expatriation au Nigeria.
Plus loin, des familles sont dans leur petit bout de jardin, assis autour du poste de télévision visionnant à l'extérieur le match de football. Tellement concentrés, ils ne nous voient pas passer.

Après le diner dans notre cantine du centre-ville, au Mondego, nous rentrons doucement au bateau.


Dimanche 1er juillet, nous décidons de visiter une nouvelle fois Lisbonne avant de terminer quelques bricolages (pose d'un ventilateur...) et ranger le bateau avant l'avion.
Après la messe, nous nous attelons cette fois aux quartiers entourant le château de Sao Jorge. Il fait assez beau, pas trop chaud. C'est magnifique.










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