Jeudi 27 juillet - de Croes Ty à Pornichet
Voilà 2 jours que la météo n'est "pas fameuse", pour reprendre un météorologue d'une radio périphérique fort connue en Europe. 2 jours que je "zone" à Crouesty, à 8 km de la maison occupée pour les vacances par des neveux. Que fait-on quand on zone... on invite cousins et amis à bord. Cela fait des apéritifs et des dîner sympa. Mais naturellement on continue aussi à se cultiver... Au cours de ces 20 dernières années, je ne m'étais jamais posé la question de "Crouesty" mais pourquoi ? L'origine de ce nom est lié aux moines de Saint-Gildas qui construisirent un oratoire, aujourd'hui la petite chapelle du Croisty, pour abriter une croix (croes) qu'ils avaient portée en procession jusqu'ici (Croes-ty). Fin de la minute culturelle.
Donc ce 27 juillet matin, il est temps de lever les voiles pour rejoindre Pornichet. Ce soir, nous avons, Arnaud et moi, rendez-vous pour décoller demain vers Gijon (Xixon pour les férus d'authenticité). Le vent est d'ouest pour 15 kts, le temps devrait ne pas être à la pluie. Idéal pour effectuer les 30-35 nm jusqu'à Saint-Nazaire. 30 nm... J'ai l'impression de baisser en rendement !
Départ vers 10h00, avant la mi-marée pour être sûr de ne pas flirter avec la quille le fond de trop près.
Il fait gris, il y a déjà un petit force 3. La navigation est agréable, même sans soleil. J'ai choisi de ne pas établir la grand-voile pour ne pas aller trop vite car je ne veux pas arriver avant 17h00. Au grand-largue Syrakko passe devant la plage du Grand Rohu... J'imagine la famille en train de s'installer pour profiter du soleil qui vient. Derrière moi, un "fondu" en Surprise vient d'établir son spi orange après quelques torsades dans le hauban... Il ne met pas longtemps a me dépasser... Je les imagine aussi se faisant une réflexion au sujet de ce ketch qu'ils doublent... "Pfff... il se traine et en plus il est sous-voilé ! Qu'il me le donne et il va voir ce que l'on fait d'un aussi joli bateau !" Je traine... Je farniente... Je pro - fite ! et sans forcer le voilier qui file déjà 5,5 - 6 kts ! c'est trop viiiiiiiite !
Arrivée à Pornichet en soirée. Rien à dire... le port est accueillant mais Bon Dieu que la baie de La Baule est défigurée par ce mur d'immeubles ! Arnaud a rejoint. Le moment est venu de décider de l'étape du lendemain : nous partirons bien pour Gijon en faisant ou non une halte en cours de route... Quelle décision ! La météo annonce un petit coup de vent dans la nuit de samedi à dimanche au milieu du golfe de Gascogne, c'est notre point de déclencheur d'une option ou d'une autre.
Vendredi 28 juillet : De Pornichet au...
09h25, mise en route. L'option du stop à l'île d'Yeu est abandonnée, tout comme celle d'Oléron. La météo nous pousse à faire de la route le plus longtemps possible vers le sud avant d'obliquer vers l'ouest et de finir au sud-ouest sur Gijon. Nous sommes donc partis pour un bord au prés serré d'environ 125 nm. Nous avons une quinzaine de nœuds de d'ouest-sud-ouest. Le premier challenge consiste à passer au vent de l'île d'Yeu...
La mer est agréable. Sitôt franchi la passe des Troves qui ferme la baie du Pouliguen, Syrakko prend le cap au 180° pour passer Noirmoutier.
Le vent pourrait être constant s'il n'y avait pas ce gros grain quelques nautiques à l'ouest qui, en plus de la pluie, infléchit le vent vers le sud en le renforçant et nous pousse vers le canal entre Yeu et le continent... Le voilier est en limite de surtoilage avec ces 20-25 kts au près. Il commence à se "vautrer". Au moment où est prise la décision d'affaler la grand-voile, le vent repasse sous les 20 kts et nous décidons de conserver voile, artimon et génois. Car en effet, à partir de 20 kts Syrakko est très à l'aise avec seulement le génois et l'artimon. Là, il est bien dans ses lignes, ne force pas et avance ! En d'autres termes, la prise de ris n'est pas le mode d'action à privilégier.
Le grain passé, le beau temps revient, le vent s'oriente de nouveau plus à l'ouest, l'idée de pouvoir passer au vent d'Yeu reprend forme... même plus, elle devient réalité. Les Chevaux sont laissés sur bâbord en maintenant de l'eau entre le voilier et le phare. La mer brise au large.
La Baule s'éloigne ! |
La mer est agréable. Sitôt franchi la passe des Troves qui ferme la baie du Pouliguen, Syrakko prend le cap au 180° pour passer Noirmoutier.
Le vent pourrait être constant s'il n'y avait pas ce gros grain quelques nautiques à l'ouest qui, en plus de la pluie, infléchit le vent vers le sud en le renforçant et nous pousse vers le canal entre Yeu et le continent... Le voilier est en limite de surtoilage avec ces 20-25 kts au près. Il commence à se "vautrer". Au moment où est prise la décision d'affaler la grand-voile, le vent repasse sous les 20 kts et nous décidons de conserver voile, artimon et génois. Car en effet, à partir de 20 kts Syrakko est très à l'aise avec seulement le génois et l'artimon. Là, il est bien dans ses lignes, ne force pas et avance ! En d'autres termes, la prise de ris n'est pas le mode d'action à privilégier.
Les Chevaux (île d'Yeu) |
Le grain passé, le beau temps revient, le vent s'oriente de nouveau plus à l'ouest, l'idée de pouvoir passer au vent d'Yeu reprend forme... même plus, elle devient réalité. Les Chevaux sont laissés sur bâbord en maintenant de l'eau entre le voilier et le phare. La mer brise au large.
Le cap est maintenu au 180 en direction de Rochebonne.
Que dire de cette première partie de voyage ? D'abord, nous n'avons pas croisé grand-monde en mer. Qu'ensuite, le vent est constant et conforme à la prédiction GFS sur laquelle nous nous sommes fondés. Ce constat nous pousse à affermir la décision de poursuivre plein sud, probablement jusque vers demain matin. Ensuite, nous atteindrons une zone sans vent. Un peu avant, nous obliquerons et le voilier gagnera plein ouest avant qu'un épisode venteux lui succède car un front qui s'étend du Portugal à la Manche va traverser le golfe de Gascogne dans 24h00.
La nuit est paisible, toujours avec une bonne quinzaine de nœuds d'ouest-sud-ouest. Il forcit pendant une longue période aux environs de 20 kts. Je suis de quart pendant cet épisode et me demande de nouveau si je réveille Arnaud pour réduire la grand-voile... finalement je décide de légèrement la déborder. Le voilier supporte cette option et nous poursuivons au près serré à 6 -7 kts. Au voisinage est du plateau de Rochebonne nous croisons un pécheur dont la route erratique nous colle... le vent refuse un peu. De 180, nous voici au 170.
Que dire de cette première partie de voyage ? D'abord, nous n'avons pas croisé grand-monde en mer. Qu'ensuite, le vent est constant et conforme à la prédiction GFS sur laquelle nous nous sommes fondés. Ce constat nous pousse à affermir la décision de poursuivre plein sud, probablement jusque vers demain matin. Ensuite, nous atteindrons une zone sans vent. Un peu avant, nous obliquerons et le voilier gagnera plein ouest avant qu'un épisode venteux lui succède car un front qui s'étend du Portugal à la Manche va traverser le golfe de Gascogne dans 24h00.
La nuit est paisible, toujours avec une bonne quinzaine de nœuds d'ouest-sud-ouest. Il forcit pendant une longue période aux environs de 20 kts. Je suis de quart pendant cet épisode et me demande de nouveau si je réveille Arnaud pour réduire la grand-voile... finalement je décide de légèrement la déborder. Le voilier supporte cette option et nous poursuivons au près serré à 6 -7 kts. Au voisinage est du plateau de Rochebonne nous croisons un pécheur dont la route erratique nous colle... le vent refuse un peu. De 180, nous voici au 170.
De ... à Gijon
A 4h00, ce 29 juillet, relève de quart. Juste le temps de faire face à un nouveau pécheur dont la progression nous embête bien, au point que le moteur est mis en route pour le fuir.
A 08h00, Syrakko a atteint la zone de calme que la prévision météo avait annoncé. Arnaud a mis cap à l'ouest et nous allons recherché le vent en faisant le plus de route possible vers l'ouest, de telle manière que lorsque le vent du front nous atteindra, nous pourrons faire un cap direct à la voile vers Gijon.
Au point de 09h30, nous avons progressé de 145 nautiques au cours des premières 24h00. Bon rythme. Le soleil est là, il fait beau et bon (quelle contrepèterie !!!), les conditions sont parfaites pour nous remettre en condition après cette première nuit. Certains en profites sans restriction. Une chose est sûre, la chaleur nous indique que nous ne sommes plus en Bretagne. Enfin, comme attendu, le vent a viré au SSW, Syrakko avance bien vers le front... L'expression n'est pas du tout celle d'un soldat allant vers le casse-pipe ! Nous allons seulement vers le coup de vent.
Le front annoncé après son passage |
Arnaud prend le premier quart de nuit alors que la piaule débute. Le moteur est en marche pour aider le voilier à faire un peu plus de cap. Le vent s'est maintenant bien levé, la mer est passée progressivement de peu agitée à agitée puis à forte. Syrakko, qui passe bien dans la mer formée, tape régulièrement. Des masses d'eau s'écrasent sur l'avant du bateau, le pont est régulièrement balayé par les embruns. Le pilote automatique enclenché, le quart se fait abrité dans le carré, derrière les hublots qui permettent une bonne observation panoramique. C'est de là que l'on voit s'envoler 2 pare-battages, dont un tout neuf... Sur bâbord, des éclairs donnent l'impression dans le coup de vent que des bateaux sont en route vers nous. Je redouble de vigilance me demandant si je ne suis pas victime d'hallucination.
De temps à autre, profitant d'une vague venant de submerger le voilier je sors vérifier que le pilote est au bon cap. Au retour, je suis trempé...
Au petit matin du 29, nous avons passé l'essentiel de ce coup de vent et la mer redevient plus navigable. Nous sommes à une quarantaine de nautiques de l'arrivée. Le jour se lève et permet de constater les effets des 24 dernières heures : une écoute de génois est à changer, elle a ragué et s'est effilochée, le génois a ragué sur une barre de flèche, il va falloir rendre visite à un maître voilier... et à l'arrivée, il faudra jouer sur les pare-battages en attendant d'en racheter deux autres...
A 11h40, à une trentaine de nautiques de l'arrivée, l'équipage pousse une longue exclamation : "Teeeeeerre" ! Malheur car les 30 derniers nautiques sont toujours les plus longs !!! Mias inexorablement Gijon approche. Les gros tankers à l'ancre sont maintenant visibles, puis c'est autour du rocher, sur lequel la vieille ville est établie, d'apparaître. Arrivés vers 15h00, après 60h00 d'une navigation sympa et vivifiante !
Gijon ? Xixon ? j'ai connu port plus touristique... d'ailleurs, le ponton d'accueil est assez vide pour une époque de l'année qui devrait voir affluence. Quant aux shipchandlers... comment exprimer ma pensée... en tout cas, c'est très différent des ports français et en plus ils parlent espagnols !!! En tout cas, vous pouvez faire escale en Asturies. Le pays est très agréable, capable en plein été du même crachin qu'à Saint-Gildas !
Au petit matin du 29, nous avons passé l'essentiel de ce coup de vent et la mer redevient plus navigable. Nous sommes à une quarantaine de nautiques de l'arrivée. Le jour se lève et permet de constater les effets des 24 dernières heures : une écoute de génois est à changer, elle a ragué et s'est effilochée, le génois a ragué sur une barre de flèche, il va falloir rendre visite à un maître voilier... et à l'arrivée, il faudra jouer sur les pare-battages en attendant d'en racheter deux autres...
A 11h40, à une trentaine de nautiques de l'arrivée, l'équipage pousse une longue exclamation : "Teeeeeerre" ! Malheur car les 30 derniers nautiques sont toujours les plus longs !!! Mias inexorablement Gijon approche. Les gros tankers à l'ancre sont maintenant visibles, puis c'est autour du rocher, sur lequel la vieille ville est établie, d'apparaître. Arrivés vers 15h00, après 60h00 d'une navigation sympa et vivifiante !
Gijon ? Xixon ? j'ai connu port plus touristique... d'ailleurs, le ponton d'accueil est assez vide pour une époque de l'année qui devrait voir affluence. Quant aux shipchandlers... comment exprimer ma pensée... en tout cas, c'est très différent des ports français et en plus ils parlent espagnols !!! En tout cas, vous pouvez faire escale en Asturies. Le pays est très agréable, capable en plein été du même crachin qu'à Saint-Gildas !
Prise poste à Gijon |
Welcome to Spain Nico! Et félicitations pour tes 60h à la mer. Bonnes petites réparations et bonne récupération et continuation. Ils annoncent les tempêtes dans La Manche donc tu as fais bien... Nick
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