La
saison 2016 n'a définitivement pas été une grande saison de voile,
puisqu'il a fallu réveiller Syrakko dormait depuis deux ou trois ans.
Dans cet intervalle, un hublot s'était mis à fuir, le lichen avait
poussé sur le pont, les drisses s'étaient couvertes d'une mousse verte.
Puis,
dans le cadre de l'appropriation, il a fallu découvrir
l'architecture du voilier, de son installation électrique, découvrir que
la drisse de grand-voile, la garce, s'était échappée, en faire
repasser une autre dans le mât ; faire quelques réparations, reprendre
l'embase de l'hélice, refaire l'antidérapant du pont, combler un certain
nombre d'éclats de gelcoat, faire quelques reprises de peinture sur la
coque rouge, changer la roue à aube de la pompe à eau de mer du moteur,
vidanger, caréner Madame... Bref, sortir Syrakko de sa torpeur.
Au
final, trois semaines de remise en état en permanence accompagné par
cet étonnement constant de constater combien le climat use les bateaux,
même s'ils sont à terre...
J1 - A la découverte de la mer
A la pleine mer de Tancarville Syrakko passe bravement l'écluse éponyme puis embouque le chenal-autoroute de la Seine en veillant attentivement le canal 73 de la VHF pour répondre aux injonctions pressantes des navires de commerces qui nous doublent avec de bonnes marges de sécurité. En descendant vers l'embouchure du fleuve nous laissons sur bâbord des coins charmants que le tirant d'eau du voilier empêche d'aller découvrir, à l'instar du coude de la Risle. un peu plus loin c'est Honfleur, nous y passerons en rentrant, encore plus en aval une jolie maison blanche garde l'entré de l'estuaire, ensuite nous longeons le banc du Ratier avec sa réserve ornithologique.
La mer ouverte approche, Syrakko n'attend que le moment de mettre sa garde-robe, histoire d'atteindre Le Havre comme s'il revenait d'un tour du monde.
Dans une petite brise de noroît, le voilier rallie le port de plaisance au plus grand plaisir de son équipage. Le Rorqual est vraiment un bon bateau et comme tout bon bateau, il est beau sous voile.
J2 - Port Guillaume ou le calcul des marées
Ce matin 25 kts de Nord-ouest. La mer courte de la baie de Seine est en place. Lancé au prés par 20 kts de vent relatif, avec pour voilure établie génois et artimon, Syrakko est parfaitement équilibré et passe sans forcer dans la vague.
Connaissez-vous Port Guillaume ? quand on est habitué à naviguer en Méditerranée, l'approche n'est pas banale. D'ailleurs, elle le reste aussi lorsque l'on et Normand...
D'abord, le port est bien caché par le cordon dunaire de la Dives... merci le GPS pour faciliter l'approche. Ensuite, le chenal est étroit et praticable dans un laps de temps réduit qu'il convient d'observer avec une rigueur quasi germanique car la mer découvre assez loin et il y a de forts courants traversiers. Nous croisons dans le chenal un chalutier qui nous invite à serrer le balisage ouest. Je ne sais pas pourquoi mais on a pas discuté pour s'exécuter.... Tout ça parce que mon copain normand à bord s'est fait prendre une fois 😬.
Ce matin... cette nuit même car pour franchir tranquille le chenal, il faut se lever à "pas d'heure"... Ah ! Vous les Méditerranéens, vous ne savez pas dans quel confort vous vivez ! un coup de bouzin pour trouver à la marque la plus septentrionale, elle s'appelle "DI". et un coup à gauche pour une directe rapide sur Ouistreham. Il faut courir pour arriver à l'ouverture du sas. Nous n'avons pas tant de temps que cela car nous avons à lâcher un passager à Caen !
Re-chenal... c'est fou comme ça découvre dans ce coin... et nous voilà dans le sas. Nous avons de la chance car nous ne sommes pas nombreux à entrer. Quand je vois le flot de bateaux qui en est sorti... Ce sera comme ça demain matin...
Certains ne vont pas me croire, d'autres me traiter de marin d'eau douce, mais que ce canal à Caen est agréable... pas de vent, joli soleil... un peu d'histoire (ici Pegasus bridge)... et surtout ce plan d'eau sans une ride nous permet de tester une énigme toujours pas résolue, celle de la marche arrière au moteur... et bien vous ne me croirez-pas nous ne l'avons pas résolu. Syrakko fait toujours "qu'est-ce-qu'il-veut". Un coup à droite, un coup à gauche... ah ! cette fois dans l'axe... Conclusion des essais : on fera attention...
J4 - Ouistreham - Trouville
Le port de Ouistreham est éminemment sympathique avec tous ces arbres qui l'entourent. Un véritable havre de paix.
Pour arriver à la bonne heure à Trouville, nous passons le sas assez tôt ce matin, sous un ciel bien gris. Dans l'écluse nous sommes nombreux. Comme hier. je n'imaginais pas la précipitation, l'impréparation voire la nervosité de certains. Des veaux à la sortie de l'enclos. une seule idée être dan le sas à tous prix, à toutes rayures, voire à tout casser...
rentrés dans les premiers, un stagiaire du port vient observer le Rorqual. c'est vrai qu'il est beau. En entame la conversation et comme nous ne sommes pas pressés et qu'il nous a aidé à saisir les aussières, je l'invite visiter la bête. Il est ravi et étonné de volumes. C'est sympa ! A l'extérieur, l'équipage pare le bateau contre les manœuvres approximatives...
Après les veaux dans le sas, nous voilà en direction des vaches noires. Nous n'y sommes jamais allés mais il y a peut-être un lien de causalité ? Elles sont peut-être en mer... et bien non ! nous nous contenterons de regarder cette côte depuis le voilier. Bel endroit pour mouiller par beau temps établi. Nous décidons d'y déjeuner, car entre-temps le ciel gris s'est ouvert donnant un beau temps sans chaleur excessive.
Ce soir, Fifi, Syrakko et moi sommes en Escale àTrouville au fond du bassin Morny.
J5 - Trouville Honfleur
Ça sent le retour... inutile de vous dire que la maîtrise du voilier s'est accrue. Sauf en marche arrière... Ce voilier est une bourrique dans cette allure. Pourtant, il y a une hélice tripale hélas, c'est là qu'est l'os ! Il fallait la faire, c'est fait 😁 !
Sortie du port, chenal embouqué, sortie du chenal, établissement des voiles. Il y a bien F0 de vent... mais ce n'est pas grave, on a le temps et le thermique devrait bien se lever...
Et comme le jour fut, le vent se leva. Juste ce qu'il faut pour tester les combinaisons de voiles entre 15 et 25 kt de vents. Je confirme qu'au-delà de 20 kts relatif, au près, le voilier est bien équilibré sous génois et artimon. pas besoin de grand-voile. On a même sorti le spi d'artimon. Il procure une bonne aide.
Et le soir, nous étions à arpenter le magnifique vieux bassin de Honfleur...
J6 - Honfleur - Tancarville : fin de la prise en main
Retour au moteur au chantier des Torpilleurs. Pas de commentaires sinon que la manœuvre d'accostage dans l'écluse a été calamiteuse à cause de cette satanée marche arrière... J'ai failli tomber à l'eau dans le bassin, écarteler entre Syrakko et l'aplomb du quai. Je m'étais très bien présenté, mais au moment d'envoyer les amarres, impossible de stopper l'animal. J'avais simplement sous-estimé la force du courant. Un bon rappel à l'humilité.
Alors que tirer comme enseignements de ce petit tour ? D'abord que le Rorqual est un voilier très sain qui nécessite un peu d'anticipation. Le gréement fractionné permet une manœuvre aisée en solitaire ce que l'affalage très tôt de la grand-voile renforce.
Il passe remarquablement et avec douceur dans la vague et il file bien dès lors que le vent se lève un peu.
Pas déçu par cette prise en main ! et si vous voulez hiverner votre voilier à terre dans de bonnes conditions à des prix très raisonnables, le chantier des Torpilleurs à Tancarville est un très bon compromis !
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