L'été 2019 est celui du passage de l'Atlantique à la
Méditerranée. Nous laissons Séville et notre base arrière de Gelves sans
nostalgie mais conscients de laisser un endroit où nous aurons passé
d'excellents moments à visiter et découvrir une culture d'une très
grande richesse.
Nous
laissons également un petit port agréable, servi avec sérieux par une
équipe d'une disponibilité remarquable que ce soit la capitainerie ou
l'équipe Jorge - Alfredo, les deux piliers du petit chantier qui nous a
installé le portique et le panneau solaire à l'arrière du voilier, ou
encore le bar à Tapas où nous avons fini par avoir nos habitudes, malgré
le peu de connaissance de la langue espagnole. "Uno vaso de bino
blanco, seco" est devenu la phrase à maîtriser pour pouvoir s'hydrater.
Port de Gèlves
Eglise de Gèlves
Nous laissons enfin une petite bourgade typique, surplombée par une très jolie petite église avec un retable à découvrir.
Après
2 jours à gréer le voilier et récupération de la MTO, nous avons
appareillé vers l'embouchure du Guadalquivir au petit jour, le 15
juillet, en début de marée descendante. Le vent étant de l'ordre de 15 à
20 kts venant de la mer, nous avons craint un moment de voir le pont du
bateau recouvert de limon. Ce ne fut pas le cas.
Barge sur le Guadalquivir
Nous embouquons les premières marques du chenal,
parfaitement balisé. A l'identique de la montée, la descente vers la mer
se fait au milieu de paysages que nous aimons bien et que certains
esprits chagrins ou pressés qualifieraient de monotones. Les chevaux
font comme les vaches, ils nous regardent passer. Le voilier slalom
entre les barges des pêcheurs. A l'aube, dans la pénombre, celles-ci se
dévoilent comme de grosses araignées avec leur pattes étendues en
travers du flot. Chacune possède, en effet, des bras permettant
d'étendre les filets sur chaque bords. Pour rompre la monotonie, un
cargo en route vers l'Atlantique nous dépasse. C'est amusant de
constater combien le chenal est devient étroit.
Descente du Guadalquivir
Le
guide Imray préconise de transiter à 7 kts pour atteindre en une marée
l'embouchure du Quadalquivir de Bonanza depuis Gèlves. Nous décidons de
naviguer à 6,5 kts pour économiser le moteur, quitte à nous arrêter en
route pour attendre la marée suivante. Nous avions estimé l'an dernier
le courant montant à 3,5 kts, nul besoin de passer des heures à lutter
contre.
En route vers Cadiz
Au bout du compte, nous effectuons une courte halte
"déjeuner" devant Bonanza avant d'embouquer au moteur de nouveau le
canal jusqu'à sa fin. Le vent s'orientant progressivement à l'ouest, le
bateau s'habille : le génois d'abord, puis l'artimon et enfin la
grand-voile. Chipiona est dépassé, nous mettons cap au 150 en direction
de Cadiz, avec un vent de travers, il reste une quinzaine de nautiques.
Malheureusement, le vent mollit et les prévisions d'arrivée en
après-midi se transforment en une arrivée en soirée à la marina Puerto
America.
Puerto America
Il fait donc nuit lorsque nous franchissons les feux
d'entrée du port. Celui-ci est organiser en 2 bassins. Nous commençons
par aller reconnaître celui le plus au fond. Le port est à moitié vide.
Les appontements semblant convenir, nous nous préparons à accoster
lorsqu'un marinero surgit de la nuit pour nous dire que le bassin est
limité au bateaux de moins de 12 mètres. Nous repartons donc vers
l'entrée. Entre temps, notre homme s'est transporté sur le ponton et
nous guide vers un poste avant de nous aider à accoster. Que dire sinon
que l'accueil est agréable et chaleureux !
Il est tard,
mais pas suffisamment pour rester au bateau sans rien faire. Vous
connaissez Cadiz ? Nous pas encore ! Alors, nous partons vers la vieille
ville que le guide du routard traite d'inintéressante. Une heure de
marche plus tard, nous abordons les fortifications puis les longeons sur
une promenade ombragée parsemée de fontaines qui nus mène à l'église
del Carmen.
Il
doit être aux alentours de minuit, les rues sont encore animées. Nous
croisons une foule endimanchée qui semble sortir du Gran teatro Falla.
et nous arrêtons dîner sur la place Fragela, juste devant. Un taxi nous
ramène au voilier et nous décidons de revenir en journée pour admirer
cette ville qui nous charme.
Procession dans Cadiz
Le
16 matin, nous nous attelons à quelques travaux sur le voilier et
notamment le gonflage de l'annexe, les essais moteurs du hors-bord et la
suspension du tout sur le portique installé l'hiver dernier à Gelves
qui sert également de support à un panneau solaire de 300W. Et nous
revoilà en marche vers Cadiz. Déambuler dans les rues est un plaisir
véritable matinée de la déception de ne pouvoir pénétrer dans aucune des
églises. Elles sont toutes fermées à clef. En revanche, le 16 juillet,
la "Virgen del Carmen" est célébrée par une longue procession dans les
rues de la ville massant une foule considérable. C'est touchant et
magnifique. Les corps habillés sont présents, un soldat de l'armée de
terre, une aviatrice et un marin... Nous rentrons à la nuit au bateau
fourbus mais heureux de cette jolie visite.
Ilot de Sancti Petri
Nous fixons vers midi le départ le lendemain pour
pouvoir nous présenter à marée montante à Sancti Petri. Le trajet ne
fait guerre plus de 20 nm, le vent est modéré. Nous y allons et...
doublant le cap de la ville, nous voici louvoyant vers Sancti Petri avec
un courant plutôt défavorable. nous rabattant vers le nord. Mais la
ténacité paie et nous voici à l'entrée du chenal de Sancti Petri au sud
de l’îlot éponyme. Le guide écrit que par mer formée l'entrée peut être
difficile, nous n'en doutons pas, d'autant que de part et d'autre des
marques, les fonds remontent très vite ou bien des rochers affleurent.
la
pointe de Las Piedras passée, le plan d'eau devient d'un calme absolu
malgré les risées, la marée montant nous emmène vers le petit port
mi-plaisance mi-pécheur. Imray souligne qu'il existe un mouillage forain
au nord du port et des bouées. Nous sommes allés le tenter. Mais il est
si loin qu'il est plus simple de prendre l'une des nombreuses bouées
qu'un marinero indique. Certes, elles sont payantes... mais elles
garantissent également de ne pas déraper car le courant est assez fort.
Nous choisissons donc un amarrage assez près du petit village. Durant la
manœuvre la marée se renverse en deux temps et trois mouvements, les 3
kts de courant annoncés par l'Imray me semblent assez juste.
Nous
sommes encore en Atlantique et nous devons retourner en baie de Cadiz,
où nous sommes attendus dans la journée du 18. Départ au levé du jour
pour bénéficier de la fin de la marée descendante. Le vent semble bien
orienté, mais l’îlot de Sancti Pietri doublé, le vent tombe presque
totalement. Nous mettrons la journée pour atteindre El Puerto de Santa
Maria, au moment où Eole consent à se réveiller.
El Puerto de Santa Maria
Nous voici donc arrivés à El Puerto de Santa Maria.
Le restaurant du club
Petite
investigation autour des appontements. Ils sont déserts. Nous
identifions une place qui convient à la longueur de Syrakko et nous
amarrons. L'accueil au bureau de club est une nouvelle fois chaleureux
et en français. Nous avions annoncé depuis la France notre arrivée.
Tout
était prêt, les formalités réduites au minimum. Le Club Royal de Puerto
de Santa Maria me rappelle quelques maquis d'Afrique occidentale : un
mélange de rusticité et de style un peu démodé, des installations en
train de se délabrer doucement, mais un bar et un restaurant colonial
fort sympathique. Par ailleurs, les plages sont à 10 mn à pied.
Castillo San Marcos
La basilique Mayor Prioral
Nous profitons de notre séjour pour visiter cette
charmante ville s'étant ayant pris récemment son essor grâce à une
économie d'avenir. En effet, ce n'est qu'au XIIIème siècle que les
Anglois commencèrent le commerce du Jerez, dont le nom imprononçable
devint "sherry".
EL Puerto de Santa Maria s'est
développé sur la rive nord du rio Guadalete. On y trouve le long des
berges et en aval du centre-ville les entrepôts des producteurs de
Jerez. Puis, en allant vers le coude de la rivière qui empêche d'aller
plus en amont se trouve la vieille ville et son château San Marcos et la
basilique Mayor Prioral, également du XIIIème siècle.
Le
plus cocasse durant la découverte de cet édifice n'est pas tant son
intérieur immense et ses magnifiques statues ou retable mais bien la
cigogne lissant ses plumes sur l'un des portants de la basilique.
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