2017 07 14 - De Roscoff à Audierne

Vendredi 14 juillet - sac à bord

De retour à Roscoff ce 14 soir, le temps de prendre le train après le défilé sur les Champs Élysées. Il fait frais sur le quai, pourtant le dîner au resto sur le port est fort agréable. Revenons un peu en arrière, depuis un mois et une semaine Syrakko est amarré dans ce port... Le temps passe vite. Ce n'est pas la MTO qui a été la cause d'une halte aussi longue mais les week-ends qui ont été occupés par des activités de service incontournables.

Petit état des lieux en arrivant... je découvre une fuite au réservoir d'eau, il faut évacuer l'eau en fond de cale. Son niveau atteint presque la base du moteur. La mise en route de ce dernier montre que tout va bien sur le plan mécanique après cet incident, sauf que je n'arrive plus à l'éteindre. La clef de contact ne fait plus son office. Avant d'en arriver à l'étouffer, j'ausculte le boîtier du compte-tours et vérifie toutes les connexions. Miracle, la clef fonctionne de nouveau.

Le tour du propriétaire terminé, la consultation de la météo et des marées m'invite à fixer le départ demain matin vers 7h15. Cela permettra d'embouquer le chenal du Four dans les conditions idéales.

Samedi 15 juillet - de Roscoff à Camaret

L'île de Batz
07h00, passage à la capitainerie pour régler le mois. Comme lors de l'arrivée en juin, le bureau est accueillant et prévenant. Je ne peux que louer la gentillesse et la disponibilité du personnel du port, toujours en quête d'aider le plaisancier à bord de ce beau bateau rouge qui, ane pas en douter, ne passe pas inaperçu.

07h15, appareillage sous l’œil vigilant du canot du port, une sorte de poisson pilote... En effet, le port étant ouvert des deux côtés, il y a du courant. A cette heure, le flot va pousser le voilier sur les bateaux amarrés de la panne en face... Donc, il va falloir mettre des gaz pour que le safran soit efficace, or se lancer à pleine puissance vers le ponton opposé n'est pas très intuitif ! Les dernières aussières remontées à bord, un bon coup de moteur, le voilier décolle en tournant à gauche, nous défilons au ras des moustaches des bateaux. Syrakko peut donc se diriger vers la sortie du port.

En route pour Camaret. Les pare-battages sont remontés, les amarres rangées, il fait bien gris et froid. Comble de mal chance ce jour, le vent est faible (entre 5 et 8 kts) et pour rire, il est encore de face. Nous allons donc avoir essentiellement recours au vent de cale. La grand-voile est envoyée, elle fait tape-cul et en plus on ne sait jamais.

Le phare du Four
Batz défile sur bâbord, puis l'aber Wrac'h et l'entrée du chenal du four se profile. Au passage nous avons abattu de 30 degrés mais comme fait exprès on a encore le vent dans le nez ! Enfin presque : il vient de secteur tribord pour 15 degrés.

Pointe saint-Mathieu
Le phare du Four est maintenant par le travers bâbord, la route est plein sud, le génois est envoyé. Le régime moteur est ajusté pour conserver la vitesse qui doit permettre de franchir le chenal avant la renverse. Il sera stoppé une fois dépassé la tourelle rouge des Vieux Moines. On avance comme il faut. Comme pour nous féliciter, le soleil se décide à nous saluer en franchissant le Conquet. A la pointe Saint-Mathieu, le moteur est arrêté, on file 3 kts. Le cap est infléchi vers Camaret encore cachée par les falaises. On y sera pour 18h30 - 19h00. Nous sommes dans la planification !

Que retenir de cette journée si ce n'est que j'ai eu l'impression de faire du bateau à moteur sur 70 nm hormis les 3 dernières heures...

A couple à Camaret, port Vauban
A l'arrivée, amarré à couple d'une vedette de Bataves forts aimables, une petite promenade sur le port s'impose pour se rappeler les temps immémoriaux où le recteur de Camaret, qui n'était pas le curé, pouvait se prévaloir d'appendices flatteurs. 
 
La petite chapelle Notre-Dame-de-Rocamadour, sur le bout de la jetée à côté de la tour de Vauban, demeure un véritable joyau. Quant au port, le temps a passé et Camaret s'est transformé. L'activité de pêche a fortement décliné ces dernières années. Il reste une infrastructure hors d'âge et des épaves de chalutiers en bois échoués qui témoignent de cette époque. Il me revient d'ailleurs, étant enfant, d'avoir visité avec mes parents leurs chantiers de construction à Crozon. Aujourd'hui, la nature ayant certainement horreur du vide, le tourisme et la plaisance ont pris la place laissée vacante. Mais ne soyons pas nostalgiques, car il reste que cette halte entre le chenal du Four et le Raz de Sein reste fort agréable.

Notre-Dame-de-Rocamadour avec à sa droite la tour de Vauban

 

Dimanche 16 juillet - de Camaret à Audierne

Hier soir, avant de laisser les yeux dormir, j'ai interrogé le "cloud", ce nouveau ciel, ce voyant qui donne les prévisions... Le passage du raz se fera sans vent. Il n'y a donc que la marée à affronter. Nous n'allons  pas nous plaindre. Suivant les conseils du pilote côtier et renforcé par le coup de fil à mon ami René Savin d'Audierne, il faut idéalement passer vers 10h15, le départ est donc fixé à 6h30. René et sa femme Agnès ont de multiples talents. D'abord, René est membre du YCF. Ensuite, ce marin professionnel a monté avec sa femme une entreprise qui vous permet de découvrir l'écotourisme marin et pour ceux qui n'ont pas le pied marin de passer des nuits à bord soit d'un voilier (Atlantis), soit d'une vedette hollandaise. L'entreprise s'appelle Audierne Yachting, (www.audierne-yachting.com).

Si pas de vent... alors souvent brume. C'est gagné... Au réveil à 06h00, elle est en place. 06h30, appareillage dans une mer d'huile vers le raz de Sein. Je ne vous dirai pas que le transit a été passionnant... nous avançons de concert avec un catamaran que l'on perd un moment car la brume s'est épaissie en s'approchant du raz. 

Le radar est en fonction. Un gros écho se trouve devant le voilier situé à mi-chemin entre Tevennec et le raz de Sein. Dans la brume j'entends sa corne se rapprochant. Il défile rapidement sur bâbord à peine visible. La vision furtive dans la mélasse, c'est le "Cap Finistère" de la Brittany Ferries. Depuis son mouillage à Sein, René observe et me commente la descente de Syrakko qu'il suit grâce à l'AIS. La situation est un peu paradoxale... Il me voit alors que je n'arrive pas à voir les autres : impossible d'afficher les cibles AIS sur Inavx, le logiciel de navigation de mon Ipad ! Côté réconfortant, au moins je sais que je suis vu.
 
A 10h10, nous franchissons la ligne Kornog-ar-Vas-Nevez - Phare de la Vieille sur une mer d'huile en plein brouillard, toujours accompagné de notre voisin, le catamaran. La sensation est un peu "hors sol" car la réputation du passage est connue et Syrakko avance sur un lac. 
Remettons-nous il y a quelques siècles... Que nous arriverait-il si par mégarde dans cette brume nous arrivions au bout de la carte ? Alors nous tomberions très certainement dans le vide sans s'en apercevoir !  Heureusement par magie, le brouillard s'estompe et révèle timidement la pointe du Raz. Nous prenons le cap sur Audierne.

Les derniers nautiques se font sous un joli soleil qui donne à la lande de très belles couleurs. On passe Plogoff. Vers 11h30, Syrakko se présente devant le Raoulic pour entrer dans le chenal du Goyen en direction du centre-ville. D'alignement en alignement, tournant à angle droit après la criée, les pontons sont en vus. Agnès attend le voilier sur le A. Elle est accompagnée par deux personnes qui vont nous faciliter l'accostage. 

Depuis, Syrakko est amarré au bout du monde, sur la partie haute du menton du pays Bigouden, là où la mer de l'Atlantique vient s'écraser comme le disait Jacques Dufilho avec ses histoires de recteurs dans le film "Crabe Tambour". Pour tout dire, bien qu'un peu enclavée (il n'y a pas de bus le dimanche pour rejoindre Quimper...), Audierne est charmante. La région est charmante. Il suffit de remonter jusqu'à Pont-Croix pour s'en convaincre. Il est vrai que je ne suis peut être pas totalement objectif, étant né à Brest-même...  Allez-y vous y découvrirez en plus des gens très sympathiques et accueillants... Allez faire connaissance avec René et Agnès Savin !





Audierne

2 commentaires:

  1. Bravo Nico - je suis ton progrès avec grand intérêt! Encore 2 semaines pour moi avant de monter à bord Spellbinder...bons vents mon ami. Nick

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  2. Je suis de nouveau ce soir sur le voilier. J'ai 2 ou 3 choses à faire et notamment la vidange puis je repars. Étapes suivantes : le Morbihan puis ensuite l'île d'Yeu apres on verra...
    Bonne patience ! Spellbinder m'a dit qu'elle s'impatientait!
    Embrasse tout le monde,
    Nico

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