2018 07 23 - de Sines à Sagres

Lundi 23 juillet 2018, de Sines à Sagres





Comme je le soulignais précédemment, nous sommes arrivés hier soir nuitamment au mouillage à Sines. Le vent me semblait faiblir. Au réveil, à potron-minet, le temps est très humide. En sortant brièvement la tête dehors, je constate qu'il fait gris et le rapide tour d'horizon montre que nous sommes désormais seuls dans cet avant port. Nous avions vu ou entendu les chalutiers appareiller vers minuit. S'agissant des voiliers, il ne reste plus que nous, ils sont partis silencieusement.

A une vitesse incroyable, la mélasse nous tombe dessus et le froid nous saisi. Nous voici bientôt environnés d'une brume épaisse à l'identique de l'épisode de l'appareillage de Peniche vers Lisbonne l'an dernier. Nous ne saurons donc jamais si Sines est une ville coquette !

Le radar est mis en route, la tablette avec l'AIS posée sur le panneau de contrôle de la barre à roue, la revue de la route à suivre est effectuée. Sans aucune visibilité, sinon électronique, il nous faudra sortir des jetées pour ensuite faire cap sur la zone de mouillage des tankers au sud de Sines pour ensuite prendre un cap au Sud vers le cap Saint-Vincent. Que ferions-nous sans toutes les aides électroniques dont nous disposons aujourd'hui ?

L'ancre est remontée et faisons cap vers la sortie à vitesse modérée, j'ai le souvenir de notre route inverse hier soir... Les jetées franchies, nous prenons un cap au 185 à 5 kts pour passer sur l'arrière de gros bateaux que l'AIS et le radar nous signalent. Nous passons ainsi entre les zone A1 et A2 dans la ouate, en entendant seulement en fond le bruit des moteurs du navire à poste en A1 et nous passons très près de celui au mouillage en A4 : on distingue dans le bruits des machineries l'équipage s'affairer sur le pont. Mais on ne voit pas le navire, même furtivement... la baume de l'artimon perle ses gouttes d'eau qui tombent sur le barreur, le pont est recouvert d'eau. Le brouillard  persiste et nous transperce.

Aux abords Nord du cap saint-Vincent
Au Sud du Cap Saint-Vincent
Nous avançons prudemment, un œil rivé sur le radar, l'autre scrutant la mer. La matinée se déroulant, petit à petit le brouillard est contaminé par le soleil, faisant apparaître de jolies couleurs arc-en-ciel... Dans ce combat homérique, le soleil fini par vaincre la brume et laisse apparaître sur bâbord au loin une falaise plate et continue vers le Sud.

Inutile de rappeler que la brume signifie absence de vent et qu'ainsi Syrakko progresse vers le cap Saint-Vincent au gré des risées du vent de cale.

Nous y sommes ! Syrakko contourne le cap mythique de Saint-Vincent. Moi, petit terrien de l'armée de Terre, j'étais passé au large en 1998 alors que je faisais un embarquement d'un mois sur une frégate anti sous-marine durant un exercice de l'OTAN, "Northern Crusade". Nous y avions croisé une baleine, il n'y avait pas le moindre souffle de vent et pour un mois d'avril il faisait bon alors qu'à Brest entre mer 9 et la pluie, on se serait dit sur un autre planète.

Aujourd'hui, c'est de nouveau le même constat : exactement comme lorsque nous passons les caps le longs de la côte portugaise, le contournement de celui-ci nous apporte le petit coup de vent "tradi" dès que nous parvenons sous le vent du promontoire. 
Sagres vers Lagos
Mouillage à Sagres
Cependant, peut-être est-ce dû à la proximité de Sagres, mais probablement aussi à la flemme, au lieu d'envoyer les voiles pour rejoindre le mouillage, nous préférons continue. Le mythe du voileux s'écroule... je sais, nous savons. 
Les 3,5 derniers miles se feront donc contre le vent, qui pour le coup franchit allègrement les 25 kts alors qu'il était inexistant juste avant le cap. Fâcheux ! et vous noterez... le vent... il n'est pas au portant. Il est contre nous, dans le nez... une fois de plus.

Ce soir, nous sommes en ras de foraine dans une grande baie entourés de 3 voiliers. Quel plaisir de goûter à cette relative solitude  !!! Vous qui connaissez l'affluence des îles d'Hyères et qui vous y complaisez, sachez qu'il n'est pas nécessaire d'aller de l'autre côté de la terre pour échapper à l'agora.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

SYRAKKO est VENDU depuis avril 2021 ! L'aventure vers la Méditerranée, commencée en 2017 en Manche, s'arrête pour cette fo...