2017 08 02 - De Gijon à Camarinas

Au-delà de La Corogne

Après le départ d'Arnaud, rentré en France par l'avion aussitôt arrivés à Gijon,  c'est au tour de Philippine de rallier Gijon par avion ce 31 juillet. Auparavant, j'ai erré en ville pour trouver un ship qui puisse me permettre d'acheter de nouvelles écoutes de génois ainsi que des pare-battages.

Dans l'après-midi, prenant le bus, je suis allé chercher Fifi arrivant à l'aéroport des Asturies (juste après Aviles). Le trajet de l'autocar me permet de découvrir un arrière-pays qui ne me soulève pas un enthousiasme hors norme.

Nous arrivons en soirée à bord en réservant la journée de demain pour visiter Gijon et boire de bonnes cervesa fraîches.



Mercredi 02 août - De Gijon à Ribadeo



Enfin... Enfin, ce matin départ de Gijon. Nous appareillons avec un temps digne des mers au sud. Laissez tomber les polaires, faites sortir chapeaux et crème solaire. Pour désagrémenter ce début de journée, la mer est lisse, un petit force 1-2. Pour l'agrémenter, le paysage de la Cantabrie est magnifique avec ses falaises, son relief vert et ses bois qui vont jusqu'à la mer. Il est dommage en revanche que la côte soit si industrialisée. C'est l'envers de la médaille.

A quelques miles de l'arrivée dans la ria de Ribadéo, un bouquet odorant prend les narines. Il nous rappelle la terre... mais quelle terre. Après concertation avec ma fille, nous tombons d'accord sur la nature de ce fumet : oui, il s'agit bien de celui qu'exhume les vaches. A la vue et à l'odeur de cette superbe côte, nous sommes vraiment à terre en mer.

Plus nous approchons de Ribadéo, plus la houle de nord-ouest se renforce, une longue et belle houle... Elle met fin à l'option du mouillage en ras-de-foraine en avant du pont qui enjambe la ria. En effet, la zone est exactement dans l'axe de la mer, la nuit risque d'être infernale. Sans trop se forcer nous décidons donc de dormir au port de Porcillan. L'accueil y est fort sympathique et l'équipage de Syrakko passe la nuit au calme.



Jeudi 3 août : de Ribadéo à La Corogne

La météo ne s'annonce pas fameuse, mais il faut bien avancer. Aujourd'hui, il est prévu un vent orienté parallèle à la côte jusqu'à la Corogne. Cela signifie que nous l'aurons dans le nez tout le temps alors que nous allons exécuter 180° en suivant l'avancée de la terre entre Ribadéo et La Corogne. Les gribs donnent une quinzaine de nœuds de vent de face. On va donc y aller, sans une joie très marquée.

Et la journée commence assez mal, on appareil sans avoir rendu la clef qui nous avait été donnée hier soir. Re-manoeuvre pour que Philippine puisse la déposer au bureau du port. Re-re-manoeuvre pour la récupérer et nous voici parti avec un bon quart d'heure de retard. Puis le pont franchi, Syrakko perd un pare-battage..... manœuvre d'homme à la mer devant un pécheur l'air narquois prêt à le récupérer. Dans ce petit estuaire plein de courant, avec une mer déjà formée, le challenge est rempli ! On peut définitivement mettre le cap vers La Corogne.

La sortie de l'estuaire sans être mouvementée est désagréable, mer à contre-courant de la rivière. Dans la piaule, Syrakko fait péniblement un peu plus de 3 kts... puis le phare est passé, la mer s'adoucit et nous voilà lancé contre 15 kts de vent au moteur, pas drôle ni agréable. On passe le port minéralier de San Ciprian, le vent forcit un peu. Syrakko laisse sur bâbord les ria de Viveiro puis d'Obarqueiro, de possibles abris si nécessaires et nous abordons l'Estaca de Bares. Le vent a encore forci. Nous sommes sous génois avec 2 tours et l'artimon. La mer est maintenant forte, l’anémomètre indique 28 - 30 kts de vent d'ouest. Toujours au près serré, le voilier passe bien la vague avec sérénité sans mouiller excessivement son équipage. On continue. Il doit y avoir à la tombée des falaises des effets locaux de côtes que la météo ne perçoit pas. Le cap Ortégal est franchi, le vent passe WSW, continuant ainsi de suivre l'orientation du rivage. Sans transition, le vent retombe à 15 kts, laissant cette impression qu'il n'y a plus de vent...

Qu'ajouter s'agissant de cette traversée sinon que la dernière branche jusqu'à la Corogne est bien longue, sans intérêt passant son temps à éviter la nuit les meutes de pécheurs entre les caps Prior et Priorino. Nous arrivons finalement le 4 août vers 1h30 au port du centre-ville pour en repartir après le plein de gasoil dès le lendemain matin. En effet, il est attendu pour 3 ou 4 jours un fort vent de nord-est. Curieusement, alors que le vent est quasi-inexistant, ici les bateaux "dansent" sur leurs amarres alors qu'ils sont abrités par les jetées...

Une fois amarrés au poste, nous remarquons qu'un guidon bleu-blanc-rouge avec 2 étoiles flottent sur le mât d'un voilier à proximité. Il a pour nom "Baligan". Deux voiliers du YCF ensembles à La Corogne. Reste à joindre l'équipage.

Dans ce port on ne manque pas d'être de nouveau surpris puisque, compte tenu de la population internationale qui y séjourne, le personnel de la capitainerie du port central ne parle pas un mot ni de français, ni d'anglais, encore moins d'allemand. C'est à la pompe à essence au port du château qu'au grand étonnement de Syrakko nous découvrons le soutier s'exprimant dans la langue de Molière sans le moindre accent... Ce nouveau port mérite plus que l'on s'y arrête que celui du centre-ville. Il est en cours d'achèvement et dispose de nombreuses places libres avec des espacements permettant des manœuvres aisées.


Vendredi 4 août 2017 : de la Corogne à Camarinas, le tour de la "Costa da morte"

Nous avions prévu de rejoindre Aroussa et c'est ainsi que nous avons pris la mer avec une météo nous garantissant d'être au portant lorsque le vent se lèverait. Au départ, il fait gris, le vent est orienté sud-est comme selon la météo "d'arôme HD". Après quoi nous aurons 10 à 15 noeuds de face puis d'ici 4 ou 5 heures le vent tournera nord-ouest et nous serons au portant. Vogue la galère.

La galère... D'abord, assez vite le temps devient brumeux. Les trois ou quatre voiliers partis en même temps que nous ne sont plus visibles que grâce à l'AIS. Pourtant ils ne sont pas bien éloignés les uns des autres. On guette à l'extérieur, Philippine et moi assis sur le roof déjà couverts par les vestes de quart entretenons la motivation par une conversation sans beaucoup de suite... Une petite pluie s'installe bien avant de passer l'île Sisarga Grande. Les capuches sont à poste. Une fois le cap pris sur le cap Vilan, le brouillard se transforme en brume...

En descendant contrôler les constantes, je me rend compte que la batterie, alors que le moteur tourne n'est plus qu'à 25,3 puis 2, puis 1. Plus d'alternateur... pluie, sans visi, plus de production électrique, le choix est fait de s'arrêter à Camarinas pour dépanner.

Entre temps le vent a bien tourné nord-est. Sous génois et artimon, le voilier avance bien. Environné de marsouins, ce régale va devoir être interrompu puisque la ria de Camarinas apparaît bientôt dans le brouillard qui se lève. Contournement des récifs de Quebranta Grande et de Leixon, nous voici dans le petit port de Camarinas, dans une ambiance tout à fait gaélique.

Nous sommes vendredi soir, il est presque 20h00, pas de chance... le mécanicien est parti, il ne sera de retour que lundi. Nous voici en halte forcée dans ce petit bourg somme toute accueillant, malgré le temps pourri et le vent qui ne fait que forcir.

samedi 5 et dimanche 6 août 2017 : entre diagnostiques et Sandiego

Ce samedi matin, le vent est déjà établit au-dessus de 20 kts, arrive un voilier suédois en ferro-ciment de 18 tonnes, de la taille de Syrakko, S/Y WILMA. Main forte est prêtée au skipper et à son équipière pour amarrer la bête au quai, lequel se démantibule au passage ! re-coup de main pour lui faire prendre un autre poste. Avec le vent, bouger ce voilier en tirant sur les aussières est un vrai challenge sportif.

Il est enfin amarrer, le skipper débarque et nous faisons connaissance. Quand Frederik me demande depuis quand et pour combien de temps je suis là, je lui explique que j'attends lundi l'arrivée du mécanicien à cause de mon problème de charge. Que n'ai-je dit... Il se retourne, me montre ce qui est écrit sur son t-shirt :"marine service.se". Puis il me dit qu'il connait très bien les Volvo puisque c'était un temps son métier de s'en occuper. Sitôt dit, sitôt embarquer dans Syrakko pour investiguer. Non seulement l'alternateur ne débite presque plus, mais en plus l'alternateur de ligne d'arbre est hors service. La courroie s'est effilochée et a déraillé. Je l'avais pourtant inspecté avant d'arriver à La Corogne. Il est vrai que depuis Ribadeo, j'avais un bruit curieux de crissement sur l'alternateur de ligne d'arbre pendant quelques secondes, le temps d'être en vitesse de croisière et ce matin en quittant La Corogne, il avait disparu.

L'investigation nous amène à refixer le support de l'alternateur de ligne d'arbre qui avait pris un jeu que les coups de tabacs rencontrés dans le golfe de Gascogne et au nord de La Corogne n'ont pas arrangé. L'alternateur du moteur est démonté. Il n'y a plus qu'à attendre la venue du mécanicien pour en commander un nouveau...


Alors que faire ce dimanche 6 août alors que le vent monte à 30 kts dans l'abri du port, sinon réaliser ce pourquoi nous devions nous arrêter à Aroussa : nous rendre à Saint-Jacques de Compostelle. Sur le port, Marcos, le responsable du yacht club de Camarinas me propose à un prix tout à fait raisonnable de me louer une voiture. Nous voici donc en route pour Sandiego. La route est jolie, bien qu'assez déroutante car la végétation est assez différente de celle que l'on rencontre en France et que si la Galice est recouverte de forêts, elles sont à la fois végétale et d'éoliennes en très grand nombre.

L'arrivée sur Saint-Jacques nous fait découvrir une jolie petite bourgade de province, bien différente en termes de statu que les deux autres lieux de pèlerinage que tout chrétien catholique se doit d'avoir fait dans sa vie, je veux parler de la Terre Sainte et de Rome. Nous sommes presque décontenancés par l'affluence modique en un dimanche de début août.

Ce soir nous prenons l'apéritif avec Frederik et Helena sa femme, vigoureuse équipière à bord de S/Y Wilma. Nous avons pour destination la même ville : Lisbonne. Cependant leur projet est différent du notre puisqu'ils sont en voyage sans notion d'arrêt. Avant, ils avaient reconstruit un chalutier pour en faire un restaurant avant de le vendre une fois le succès acquis (projectsunshine.blogg.se). Un esprit d'entrepreneurs les anime 

Demain sera un autre jour, celui de la rencontre avec le mécanicien. En attendant ce soir, ça souffle encore fort.

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